Cahier nocturne d'errance

Ce livre se présente comme un fagot de vers en feu. Il constitue en fait un fort volume, né de la compilation de près d’une douzaine de recueils poétiques successifs. Franc Bardòu y a livré son désespoir, sa rage et son dégoût d’un monde qu’il voit péricliter dans un cynisme abject, égocentrique et vain, conduisant chacun à l’horreur du refus de l’Autre, au désamour global et à la solitude.

Forgé, durant cinq ans, au foyer des souffrances et de révolutions qui ne savent plus naître, dans une langue qui ne sait toujours pas mourir, parce qu’une langue en flamme, qu’il jette, pentecôte profane, à la face de cette société qui ne sait plus se vivre, le poète égaré égraine ses nuits sans sommeil, un chapelet de braises, veillant sans trop y croire, aux bûchers de grands soirs où toute vanité partirait vent de cendres, dans les flammes d’amours retrouvés, d’amours que nul ne sait plus vivre.

Les mots sont ici les pavés d’une langue en révolte contre une inanité qui ne peut que la perdre. Car nulle révolte, désormais, ne saurait la sauver. Mais en son cœur brûlant, cette langue, elle, sait, en se consumant d’amour depuis son origine, comment sauver toute juste révolte. Allons aux barricades, pour une poétique de l’insurrection !

180 pages - ISBN 979-10-93692-33-3 - Prix de l'éditeur : 15€

Poèmes extraits du recueil

Nothing. The air outside
burns my eyes.
I’ll put them out
and get rid of the burning (2)

Jim Morrison

La cité de l’avidité - 1

Douceur d’albâtre au crépuscule
de lendemains désenchantés,
lorsque un peu de jour, juste à peine,
persiste à te remémorer
le personnage que tu fus
entre un matin venu en vain
et un soir tombé n’importe où,
douceur pourtant, douceur discrète
comme un frisson dans les feuillages
de forêts à jamais perdues.

Le ciel sans astre devient brun,
tel un pieu dans ton corps planté,
à la fenêtre un peu plus rare
que la lumière qui t’enseigne
ce gouffre où un temps tu te crus
errant aux ruelles désertes
dans un libérateur vacarme,
telle la plaie la plus secrète,
des élus naufragés, sans âge
qui t’auraient rendu à tes terres.

2 : Rien. L’air au dehors / brûle mes yeux. / Je les arracherai / et je serai délivré de la douleur.

Métadone - 5

J’ai soif…

Et comme au ciel on en voit sept,
cinq souffrent pour toujours mes plaies,
douleurs que j’extirpe du monde,
odeur d’orgueil, manteau de pierres
tombées, d’ultime Babylone,
peau rugueuse des incendies,
poussière de tous les mensonges,
hurlement du vent dans les ruines
de ces fois vite abandonnées
pour des dogmes avec ou sans dieux
qui ferment de leurs cris l’azur,
saveur de fiel et d’immondices,
de verdure ourdie de plasmides,
d’eau lourde et de chair ravagée
vide d’efforts, vide de vie,
toujours à son pieux attachée,
douleurs que du monde j’extirpe,
je ne vois nulle part qu’erreur
tissée d’automne et de pluie froide,
que peur clouée contre le mur
d’immeubles tous défenestrés,
qu’horreurs qui ont jeté leur nom
au fond du puits et de l’hiver,
pour ne plus jamais remonter
qu’au dernier jour, du Jugement,
quand le vide s’affronte au vide,
douleurs qui, du haut des ordures,
m’écartèlent, impasse si long
qu’appuyé à ces monts trop loin
et desséchés d’indifférence.
J’ai soif… d’amour inestinguible
et vous n’accordez que vinaigre !
Et bien posez-en là barriques
que même au sommet des détresses,
là où nul ne veut plus savoir
le nom de ceux qui tant y souffrent,
même et surtout s’il s’agit d’eux,
j’en ferai du vin pour les sages
et méthadone pour les autres.

J’ai soif… comme en ce ciel les astres,
un ciel muet comme mes peuples.

L’ombre a quitté ses frontières - XXIV

Yeux innervés de soleil,mains chargées de nos montagnes
tressant la fleur des orages,
il va nu, vêtu de vent,
parsemant toutes ses larmes,
empreintes vers nulle part,
par delà des pluies épaisses,
lourdes de sel et de sang.

Avec ses pas envolés
de flammes sur l’horizon,
le vieux mendiant oublié
te fais boire à son fanal.

Tu y bois, et d’un seul trait,
jusqu’à y germer de terre
en ciel obscur, sans attente,
puis tu te répands, semailles.

Ou tu t’envoles : il t’emporte !
Ou tu t’agrippes et fais souche
jusqu’à bien d’autres saisons :
toujours la même chanson !

Mais elle, un beau jour, s’épuise.
Déjà, son refrain s’embrase
dans la clarté foudroyée
d’une nuit sans lendemain.

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