Lo Silenci
Man dins lo cèl aganti l'astre - Vol 3
Main dans le ciel j’empoigne l’astre est une oeuvre aujourd’hui éditée en trois volumes, qui rassemble les poèmes écrits entre les cimes de l’espérance amoureuse et les gouffres du désespoir contemplatif, entre 1998 et 1999.
Ce volume 3, Le Silence, troisième et dernier livre dédié à la Lionne de l’Atlas,à la fin du XXème siècle, a déjà été publié en prose en numéro spécial de Lo Gai Saber, dans le livre intitulé Atlàs Londanh. Ici, pour la première fois, on peut enfin le lire rétabli en vers, et traduit en français par l’auteur. Il décrit, de station en station, la pérégrination d’un désespéré d’amour humain vers le détachement d’amour inconditionnel et métaphysique. L’acte de sublimation en lequel consiste ce cortège de poèmes se voulut être à la fois un renoncement et une libération. Lo Silenci est cette chambre désertique d’échos à l’intérieur de laquelle l’aimée laissa son amant, où seul les vers répondaient encore aux vers désormais, jusqu’à l’abandon total.
Les inspirations arabo-andalouse et persane médiévale y sont multiples, l’œuvre s’inscrivant de fait spontanément dans les perspectives méditerranéennes et métaphysiques chères à un grand poète occitan, Alem Surre-Garcia.
L’œuvre d’art, intitulée « Le palais des sens et des arts », qui illustre la couverture du volume est signée de la talentueuse Hélène Rejembeau.
Poèmes extraits du recueil
Poème 1
« Et de la danse de ton regard
où hésitait le désir
le fil de mon rêve ondulait
comme les herbes de la mer. »
Max Rouquette
in Los saumes de la nuòch
Les lignes de ta main dessinent un horizon
intemporel et doux comme un jardin de roses.
J’ai soulevé d’un souffle l’aube de ses parfums
pour enchanter la ville et ses quartiers sordides.
Mais à chaque soupir du jardin, de ses charmes,
la longue rue boueuse où je courrais vers toi
chantant partout ton nom, riant de mes misères,
s’inclinait toujours plus jusqu’à se pendre aux nues.
Fendant la nuit du monde en un collier d’étoiles,
j’ai posé sur ton corps de déesse mortelle
le diamant du ciel et la brise impatiente.
A l’azur de tes mains, j’ai quitté la cité.
J’ai délaissé soleil et lune pour ta grâce,
plongeant plus loin encore qu’aux horizons extrêmes.
Poème 35
« Comment ne serais-je point triste, loin d’Umm-el-Hakam
A qui j’ai laissé mon cœur ? »
Ibn Quzmân
in Chansonnier – CXII
Alors que les jours s’abolissent,
Comment aller, la joie au cœur, vers les ténèbres puisque mon cœur, je l’ai laissé si loin d’ici à ma Lionne silencieuse ?
Or ce cœur, palpitant juste à peine entre ses mains, se meurt. Le temps, toujours plus vorace, s’épuise en dehors de moi. Ma belle en son jardin a gardé la lune et sa magie. Loin d’elle, loin de l’amour, l’obscure angoisse me ronge.
Solitude et vent froid ont rempli l’orgueilleuse cité d’une foule indifférente. Sultane du monde à l’aube, ma Lionne, en silence, bien fière, un soleil à ton front, tu avançais parmi les belles comme si rien ne fût d’elles.
Les jours passent, les mois, les années et les siècles. Comment pourrais-je espérer celle qui ne vient jamais ?
Où es-tu, terre sainte et promise, averse indépassable ? Quarante ans dans le désert que, te cherchant, je me perds !
Où poser mon regard, désormais, puisque j’ai vu tes joues, claires fleurs de grenadiers, si douces à mon baiser ?
Quel miel d’or vaudrait mieux que tes lèvres posées sur les miennes ?
Quel astre m’éblouirait mieux que ton corps de déesse ?
Puisque déjà le temps s’effondre,
comment aller, la joie au cœur, droit vers le gouffre, sinon confiant ce cœur meurtri au Dieu d’Amour de ma Lionne silencieuse ?
Poème 36
« Vénus arrive en riant et repart tête basse et dolente.
L’amour commence à la joie pour s’achever en tristesse.
Ainsi les fleuves, mêlant leur douceur à la mer infinie
dès qu’ils ont tâté son onde, prennent son goût d’amertume. »
René Nelli
in Per una nuèit d’estiu
Revenant épuisé des horizons extrêmes,
j’ai d’or fin parsemé les lointaines étoiles,
au frisson de ta peau dévoilé sous les voûtes,
dans les alcôves les plus suaves de tes rêves.
Les piliers soutenaient les cieux et les contrées
qu’aucun chemin perdu n’aurait pu relier
et que mon corps, pourtant, blotti contre le tien,
franchissait d’un baiser interminable et doux.
Seul ce cheminement, de mystère en mystère,
m’oublia dans ton être comme l’air dans le vent,
franchissant cette nuit d’absence et de silence.
Tous me demandent donc où je m’étais enfui ;
que dire aux égarés ? Rien qu’un jardin de roses
en ta main de caresses, là-haut, après l’azur ?
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