Sommets

Dans ce recueil, divisé en « huit vallées », le poète nous invite à « revenir à des sources » métaphoriques, mais orientées imaginalement en remontant le cours de huit rivières, comme on boirait la clarté dans les mains des ondines de l’Ariège, du Salat, , de la Garonne, des nèstes et des gaves, de l’Èbre, du Tarn et du Rhône. Les images photographiques qui accompagnent ces rencontres sont le fidèle reflet de la passion de Franc Bardòu pour les montagnes. Des exergues tous cueillis aux champs des sages propos du critique George Steiner marquent les étapes des ascensions auxquelles convie chaque poème.

Il vous sera loisible d’imaginer que vous remontez ainsi à des sources culturelles vous confrontant à l’identité originelle d’un peuple des deux mers et des trois montagnes, le peuple de la langue occitane. Mais tout aussi aisément, pour pourrez imagine découvrir les sources des mille et une douleurs qui constituent la pâte-même de la vie — et de ses plaisirs bien trop rares pour n’être pas savourer avec ferveur. 

180 pages - ISBN 979-10-93692-33-3 - Prix de l'éditeur : 15€

Enfin, comme il est habituel chez cet auteur, vous pourrez bien sûr y suivre un chemin de lecture métaphysique renvoyant à un christianisme sans roi — celui que ses détracteurs qualifiaient avec mépris de « gnostique ». Mais que dit l’auteur lui-même de ces « sources » ? Ceci : « Les sources sont doubles, ambiguës. Certaines te raconteront la lumière, de laquelle elles ont la saveur, la clarté, la lisière. D’autres vont toutes de ténèbres, d’épaisseur de réalité, d’une finitude qui t’assomme.

Nous vivons loin des sources, en regardant courir le fleuve qui traverse la vie et la ville d’un éclair, comme qui prend la lame éblouie de sang à travers la candeur sans mélange de ces mots qui manquent pour ceindre le mal qu’est au monde d’exister. Boire à certaines ? Cracher dans d’autres ? Mais au monde du mélange, comment les distinguer sans s’y tromper ? Se perdre en s’y étant trompé ? Ou se perdre de n’y point boire ? Peu importe ! À tout perdre, en un tel monde en tout point éperdu… »

Poèmes extraits du recueil

« Le poète (Hölderlin) sait qu’il peut, au risque de sa vie, chercher à piéger l’éclair entre ses mains désorientées.»

George Steiner
in Fragments (un peu roussis)

Vers les sources de
l’Ariège - 3

Le séisme de chaque rien
inverse, cruel, sa nature
pour te prendre à ses illusions.
Pourtant, du fond de la mémoire,
entends ce bruit indéfini
d’éclair et de sérénité
qui ressemble au chant d’une source,
d’avant toute vallée de larmes.
Il ondoie là d’incertitude
et scintille d’infinitude,
échappé du ciel de tes mains.

« Le génie se rit de l’impossible. »

George Steiner
in Fragments (un peu roussis)

Vers les sources de la Garonne - 5

Tous t’ont bien vu t’en aller aux aurores,
vêtu de froid, de brume, solitaire,
perçant le voile étonné de ténèbres
tissant les nuits de jours trop illusoires.
Senteur aveugle de neige et de sentiers,
tu as élevé les traces de l’errance
vers les semis de source tôt perdue.
Ils t’y ont cru fou, montant vers le néant.
Mais d’où vient l’eau que tu entends courir ?

« Sauf république de l’excellence, le contrat social, tel que je le comprends, devrait réduire parmi ses membres l’agrégat de la douleur et de la haine, qui toutes deux baignent nos relations internationales et communautaires. Les systèmes totalitaires (hégéliens) enrôlent la haine et institutionnalisent la souffrance. Ils les mobilisent, les dirigent vers le bouc émissaire intérieur et l’ennemi étranger. À tous les niveaux, les bureaucraties de menace et d’abjection utilisent la souffrance. »

George Steiner
in Errata, récit d’une pensée

Vers les sources du
Rhône - 8

Tout l’horizon de paix au sommet du silence
ne peut pas effacer la rumeur de l’orage,
de la haine et la peur, des souffrances absurdes,
que suis l’humain chemin de las source à la mer.
Ils t’ont tout arraché, ton peuple avec sa voix,
tous ses moindres désirs et sa faim d’exister.
Ils ne t’ont accordé qu’un instant si furtif
où tu t’es échappé, remontant la rivière
jusqu’où l’Être jaillit au gouffre du néant.

Se procurer le recueil

Pour commander c'est simple :

Écrivez  directement à Tròba Vox par mail à l’adresse suivante : troba.vox@wanadoo.fr

Retrouvez les œuvres de Franc Bardóu directement sur les points de ventes occitans tels que Librairie Occitania (M. J. Thourel), Espaci Occitan dels Aups, La Tuta d’Òc