À voir chaque jour son peuple sombrer dans un sommeil mortel, celui de l’oubli de soi-même, il arrive souvent à l’auteur de songer à quelque peuple, tissé, bien sûr, d’éléments de réalité, mais qui constitue pas moins en soi une utopie totale. Bardou a choisi d’évoquer son peuple idéal en deux volumes distincts. Ce recueil est le premier des deux. Il s’appuie sur le peuple héroïque du Haut Aragon, terre libertaire, blessée puis désertée, hantée de songes, d’idéaux et d’espoirs, de dignité, d’horreurs remémorées, de joies et de douleurs. Rien de commun, vous l’aurez bien compris, avec une brochure touristique pourtant sur la Provincia de Huesca ! Cet ouvrage constitue très cordialement un hommage fervent aux anarchistes républicains du Haut Aragon qui, entre 1936 et 1939, se levèrent sans nul commandement, pour défendre contre le franquisme, le fascisme et le nazisme, et ce jusqu’à la mort ou à l’exil, leur idéal de vie fraternelle et solidaire.
L’âme du poète Franc Bardòu parle souvent de lumière. Or la quête de la lumière a un nom bien peu mystérieux pour cet auteur. On l’appelle « photographie », une passion héritée très jeune, de son père. Dans ce recueil — comme dans de nombreux autres qui suivront —, l’artiste s’est adonné au plaisir de confronter création photographique et création poétique.
À chacun des soixante poèmes correspond donc ici une photographie, liés tous dos à une même thématique. Ces images ont été prises en Haut Aragon.
Poèmes extraits du recueil
« Bruma de oro, el occidente alumbra La ventana. El asiduo manuscrito Aguarda, ya cargado de infinito.
Alguien construye a Dios en la penumbra. Un hombre engendra a Dios. »
Jorge Luis Borges
in Baruch Spinoza
XVI
L’ombre de ces maisons, sursaut dans chaque plaie, a tissé de soirées les joyaux des églises en salissant les murs de la si lourde honte, celle d’enfants du Christ prêchant pour voir crever ton prochain tout pensif, coupable de penser et de choisir sa vie. Ah ! Tes joyaux précieux ces saints graals minéraux où l’on boit tant de larmes.
« Brouillard d’or, l’occident éclaire / La fenêtre. Le manuscrit ponctuel / Attend, comblé déjà d’infini. / Quelqu’un construit Dieu dans la pénombre. / Un homme engendre Dieu.. »
« Bruma de oro, el occidente alumbra La ventana. El asiduo manuscrito Aguarda, ya cargado de infinito.
Alguien construye a Dios en la penumbra. Un hombre engendra a Dios. »
Jorge Luis Borges
in Baruch Spinoza
XVI
J’ai vu, à l’ombre de ton nom,
terre sèche, une plaie profonde.
Une flaque éventrée
aux étoiles fondues
dans les plomb de tes armes,
du deuil, et de ces hordes
envoyées par des fous
qui ne voulaient de toi
qu’humiliée et muette,
au seuil de leur orgueil
de racaille en costume.
« Soudain, l’air / s’écroula, incendié, / tomba, comme une épée, / sur la terre. Ah ! Oui, / je me souviens des clameurs ! »
« Bruma de oro, el occidente alumbra La ventana. El asiduo manuscrito Aguarda, ya cargado de infinito.
Alguien construye a Dios en la penumbra. Un hombre engendra a Dios. »
Jorge Luis Borges
in Baruch Spinoza
XVI
Je t’ai vue, terre retrouvée,
fin joyau de fraternité,
larme de toute une contrée
que le désir rend éternelle,
de plaisir, d’émoi, de répit,
mais aussi nue et dépeuplée
que l’est le désert de ma langue,
dont le silence sépulcral
fait d’elle la sœur de la tienne.
« Je t’écris à propos de la réalité des souvenirs / et mes paroles — ma seule richesse — / s’adressent moins à l’être mythique et imaginaire / qu’à l’héritage mystérieux, mal défini / que tes contemporains ont répandu aux carrefours / de tant de provinces d’Europe. »
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