Manteaux d'exil

Entre Calanques marseillaises et profondes vallées du Cabardès, Franc Bardòu a recueilli ces poèmes d’avril 2017, des poèmes d’exil, tissés de ce sentiment de ne plus pouvoir s’orienter dans un monde qui parait chaque jour plus étrange, étranger, vidé de tout sens, « car nous ne sommes pas du monde et le monde n’est pas de nous… », comme le disait déjà la prière cathare cachée dans les registres d’inquisition de Jacques Fournier au XIVe siècle.

Initialement pensés pour être tous clamés sur scène, autour du thème de l’exil, et avant le long travail de mémoire que l’auteur réalisa un peu plus tard sur l’exil républicain catalan, basque et espagnol, il s’agit d’exil métaphysique, de la chute des étincelles d’éternelle lumière dans des manteaux de chair; des tuniques d’oubli, drapées de temps, d’espace et d’illusions égotiques, comme tentaient de l’illustrer les mythes chrétiens dits « cathares » de l’Église des Bons Chrétiens médiévaux.

180 pages - ISBN 979-10-93692-33-3 - Prix de l'éditeur : 15€

Poèmes extraits du recueil

« Amour est étranger aux deux mondes,
en Lui sont incluses les soixante douze folies. »

Mowlânâ  Jalâl Ud-Dîn Balkhî Rûmi

Loin d'elle

Face de lune, mains de branches,
Son chant boisé dans les ramures
Remplies de mille oiseaux profonds,
Elle passe sous les yeux des rêves
Aux chemins blonds où vagabondent
Tes mots, jaillis, verdeur sylvestre,
Au nez des hivers mortifiés
De villes vaines et désertes :
Aller, désormais, exilé
Loin de sa grâce inoubliable ?

« Nous sommes d’en haut et nous allons vers le haut, nous venons de la mer et nous allons vers la mer.»

Mowlânâ  Jalâl Ud-Dîn Balkhî Rûmi

Ainsi trouve-t-on l’autre monde

Je t’ai attendue et rêvée,
cru voir puis un jour aperçue,
contemplée, adorée, et bue
de jour, de parfum, d’air muet ;
puis t’ai priée et t’ai perdue,
yeux grands ouverts sur l’aube close,
dans la chair exorcisée, nue,
dans sa douleur à jamais crue,
son sang noir, fluide de ténèbres,
encre du meilleur des poèmes.

Dans l’horreur du monde mauvais,
où cœur perd générosité,
j’ai dû boire à la source amère
des certitudes où s’égare
toute humanité dans l’or brun,
lucidité crépusculaire
à contre courant des folies
qui t’inventent mille couleurs,
tandis que noire est la clarté
du poème où gît la fureur.

Sur un sentier tracé de songes,
j’avais une ombre entraperçue,
oubliée aussitôt que tue,
nous laissant chacun transformer
nos chairs défaites et perdues
au sein d’un jardin clos, secret,
où gît vérité, femme nue :
la vie doit se dévorer crue
dans sa parure de ténèbres
pour extraire un meilleur poème.

Ainsi trouves-tu l’autre monde
que tu saisis tandis qu’il fuit
sous le creux d’une amère cape
où toute liberté s’égare
dès que tu t’enflammes d’or brun,
au tout dernier des crépuscules.
S’y éteignent d’anciennes folies
tel ton nom ceignant les couleurs
pour te fondre dans la clarté
du poème, amour en fureur.

à Charles Peytavie

La complainte de Lastours

Les flammes et les cris,
Les armes et les coups,
Le deuil,
Les innocents blessés
Et notre roi vaincu,
Le deuil.

Et vient le temps maudit
Où tout nous est perdu,
Le deuil,
Et nous allons, bannis,
Ni Dames ni amants,
Le deuil,

Et l’exil même.

Se procurer le recueil

Pour commander c'est simple :

Écrivez  directement à Tròba Vox par mail à l’adresse suivante : troba.vox@wanadoo.fr

Retrouvez les œuvres de Franc Bardóu directement sur les points de ventes occitans tels que Librairie Occitania (M. J. Thourel), Espaci Occitan dels Aups, La Tuta d’Òc