Dans ce recueil de poèmes, Franc Bardòu explore, notion après notion, les grand thèmes récurrents à toutes les dissidences religieuses qui, à partir du paléo-christianisme, refusèrent toujours d’affubler le divin de la responsabilité de l’existence du mal, de la création du monde qui contient ce mal, de la création de chairs qui portent avec elles, con-substantiellement, les pulsions qui inclinent au mal. Cette exploration poétique se déroule en deux temps, celui du cheminement et de son questionnement, puis l’autre, mieux campé dans la résolution et la foi. À l’image des croyants portés par de tels points de vue métaphysiques et théologiques, l’auteur pose sur le monde un regard critique fortement ancré contre toute sorte de hiérarchie sociale, et, surtout, politique. L’ensemble de l’ouvrage s’est construit dans un échange actif entre l’écriture poétique et un travail photographique en noir et blanc entièrement établi sur l’actuel département de l’Ariège, territoire en partie familial auquel l’auteur reste fermement attaché.

132 pages - ISBN 979-10-93692-52-4 - Prix de l'éditeur : 15€

Une postface de Pacôme Thiellement vient assurer le lecteur de l’attache thématique de l’œuvre avec le « catharisme » médiéval et tous les courants spirituels dissidents qui, avec mépris, furent qualifiés de « gnostiques » à travers l’histoire officielle du christianisme. Voici ce qu’en dit exactement le brillant essayiste :

« Face à toute lecture « progressiste » ou « linéaire » de l’Histoire, toutes les épiphanies que nous ont léguées ces poètes et ces visionnaires du passé semblent des perturbations dans la transmission électrique de la Loi divine. Une erreur serait pourtant de penser que « gnostiques », « manichéens » ou « cathares » (aucun de ces qualificatifs ne peut plus être écrit sans guillemets) n’ont été que des exceptions dans la trame du temps, des moments brefs de rébellion face à un courant métaphysique unique qui a fait, fait et fera l’Histoire.

Au contraire, il semblerait que ces visions, ces sentiments, ces sensations n’aient jamais disparu. Ils étaient seulement plus ou moins documentés, et surtout plus ou moins directement autorisés (souvent moins que plus). Mais elle était toujours présente, cette vision qu’on dit « dualiste » parce qu’elle refuse d’attribuer à Dieu le principe du Mal. 

Elle était toujours présente, cette vision qu’on prétend « hérétique » parce qu’elle refuse un Dieu de pouvoir et de jugement, et parce que, très logiquement, elle pose la coexistence de deux principes dans le Temps. Elle était toujours présente, cette lecture du monde comme la scène d’un combat permanent entre Lumière et Ténèbres – un combat qui se joue à l’intérieur et à l’extérieur, dans le cosmos et dans le cœur de chacun.

Franc Bardou fait partie de cette famille de poètes, penseurs, porteurs de la mémoire intransigeante de cette voie plus silencieuse et pourtant plus juste. Son recueil est le précieux témoignage de son expérience comme de sa recherche, de son inspiration et du rattachement de celle-ci à une perception spirituelle qui embrasse le Tout. Chaque mot de Franc Bardou y est pesé, et pourtant sa vision est douce et ses paroles chantent et dansent dans ces deux langues, occitan et français, tressant ensemble un flux comparable à celui d’une rivière. Entre une réflexion passant par une succession de citations philosophiques, un travail photographique et une poésie continue, le livre de Franc Bardou est l’écho de siècles d’une tradition amoureuse. Une Éternité amoureuse, comme le disait William Blake, des œuvres du Temps. »

Poèmes extraits du recueil

« Il n’y a point de bonne mère qui, ayant permis à ses filles d’aller au bal, ne révoquât cette permission si elle était assurée qu’elles succomberaient à la fleurette et qu’elles y laisseraient leur virginité. Et toute mère qui, sachant certainement que cela ne manquerait point d’arriver, les laisseraient aller au bal après s’être contentée de les exhorter à la sagesse et de les menacer de sa disgrâce si elles revenaient femmes, s’attirerait pour le moins le juste blâme de n’avoir aimé ni ses filles ni la chasteté. »

Pèire Baile (dit « Pierre Bayle »)
in Dictionnaire historique et critique

Sur les chemins de ce monde - 1 Ἀβλεψία

Toi qui suis un chemin que tu n’as pas choisi,
à toujours te confondre avec les circonstances,
tu te croiras bientôt aussi sordide et noir
que le ciel de ce monde où toute vie achève
de t’accabler de maux le jour où dans un trou
l’on te jette à la fin, comme si tu n’étais
que ce que tu deviens : le personnage vain
d’une pièce insensée en ce théâtre absurde
où tu n’es pas l’auteur. Laisse là ce costume
et prends d’autres chemins, des chemins loin de toi
où règne la lumière.

Ablepsia (De l’aveuglement)

« Un jour on sort du paradis et on voit ce qu’est le monde : un palais pour les menteurs, un désert pour les purs.
Je me demande comment les enfants survivent à leur chagrin. » 

Christian Bobin
in Le Christ aux coquelicots

Sur les chemins de ce monde - 65 Σοφία

Elle descendait des cieux, des sommets et des pluies,
elle descendait des vents, des foudres et des pleurs,
la précieuse Sophie égarée ici-bas
dans l’antre des mémoires et lors, se lamentait,
violée par les archontes, ivres persécuteurs.


Mais dès que le feu saint, le Verbe du Seigneur,
la dit de vraie sagesse et la dit d’amour pur,
elle voulut L’épouser, et les cieux et les mondes
montrèrent leur valeur devant l’éternité,
redevenus poussière et ombres aux ténèbres.

Sofia (De la sagesse divine)

« Les obstacles c’est juste de la lumière avec quelque chose devant qu’il faut enlever doucement. »

Christian Bobin
in La cristallerie de la reine

L’ultime chemin - 21 De l’entendement du Bien

Ou bien parce que je t’aime, ou bien même pour rien,
parce que le bien, c’est bien quoi que tu puisses en faire,
par amour pour l’Amour ou par amour pour Dieu,
maintenant que la flamme est haute
dans ce ciel explosé d’étoiles,
je te comprends, Bien, je t’entends.
Je m’élève étoile en ta nuit,
ta pluie de lumière profonde
qui remonte chacun des gouffres
dans un flamboiement sans récit.

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